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10 décembre 2009

« FlieBband » ou la froideur suisse par Fabrice Gygi:

FlieBband_de_Fabrice_GygiFabrice Gygi nous offre ici une sculpture industrielle nommée « FlieBband » de l’allemand chaine de montagne. Connaissant le passé militant de l’artiste, le propos véhiculé par son œuvre apparait rapidement. Il critique en effet la société suisse, son pays de naissance et d’existence, à travers cette sculpture industrielle. « FlieBband » n’est constituée que de quatre tapis roulants disposés en cercle, mais réussi à mettre en évidence le manque de chaleur et de sincérité dans les contacts humains en suisse. En effet aucune facture n’est visible, ce travail est celui d’une usine et non celui d’un artisan, en transparaît une ambiance très froide, presque glaciale. De plus cette industrialisation d’un symbole de la toute puissance de la nature pourrait avoir un sens écologique. Fabrice Gygi arrive tout de même à représenter de manière très probante une chaine de montagne avec pour seul outil des matériaux industriels pratiquement pas détournés de leurs fonctions premières. En effet l’utilisation de tapis roulant pour figurer une chaine de montagne n’est pas vaine, ces tapis rappellent les remontés mécaniques que notre génération de skieur assimile à la montagne. L’artiste pousse donc avec « FlieBband » un coup de gueule face à cette société qui a conduit à former en nous une vision industrielle de la nature et de sa beauté.

Bien sur en critiquant le système suisse, Fabrice Gygi critique par la même occasion le système international. Etant donné que la Suisse est un pays pleinement ouvert sur le monde et intégré à l’économie mondiale, alors la plupart des critiques que l’artiste lance à la Suisse conviennent également  à tout pays occidental. De plus il aurait pu choisir de décrier la Suisse par pur nationalisme, mais le choix de ce pays n’a rien d’anodin. En effet la Suisse est souvent décrite comme l’état capitaliste par excellence, un des plus extrémiste,  faire une critique du système en prenant appuis sur ce pays parait donc sensé et même futé.

En détournant un symbole caractéristique de la Suisse grâce à du matériel industriel, Fabrice Gygi nous offre une vision moins idéalisée de son pays que ce que pourrait nous montrer une brochure touristique. La froideur des contacts humains en Suisse est parfaitement retranscrite par cette œuvre stricte et froide. En effet celle-ci n’est composée que de quatre tapis roulants industriels disposés dans le but de matérialiser une chaine de montagne, symbole souvent utilisé pour caractériser la Suisse par les agences de voyages.

Gygi nous offre donc une œuvre militante sur le système international et plus particulièrement sur l’état suisse, état considérée à juste titre comme l’un des plus extrême en terme de libéralisation. Comme à son habitude Gygi revendique et milite à travers cette œuvre, comme il l’a fait à travers l’ensemble de son œuvre. Cet artiste militant s’empare donc dans cette exposition des symboles de son pays (le sapin, l’horlogerie, les chaines de montagne,…) pour nous livrer un portrait plus sombre et sûrement plus vrai d’une Suisse trop souvent idéalisée, à l’image de notre système économique.

L’utilisation de tapis roulant ajoute à tout cela une touche de déterminisme super angoissante. En effet lors de la mise en marche de la machine, le spectateur se met à la place terrifiante d’un animal acheminé contre son gré vers l’abattoir. Le tapis roulant est à première vue un outil utile et pratique, pourtant celui qui choisit de l’emprunter ne décide plus de son chemin, mais utilise celui qu’un autre à pensé à sa place. La chose renforce encore une fois l’idée d’une société tutrice de ses citoyens, société qui aurait évincée les hommes de leurs raisons pour en faire de simples machines stéréotypées, tels qu’en produisent nos usines. L‘homme ne serait alors dans cette société plus qu’une machine assimilant un objet à une idée, un ordre à un acte, une question à une réponse. Avec « FlieBband », Fabrice Gygi nous lance en pleine face les tristes destinées qui attendent les pauvres petits moutons du capitalisme que nous sommes devenus. « FlieBband » est donc une œuvre aussi pessimiste que militante à l’encontre de la société capitaliste qui est la notre, sujet apprécié et souvent traité par l’artiste suisse réputé pour son engagement politique.

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