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16 octobre 2010

Portrait de l'artiste au sac de riz (autoportrait) de Buno Perramant vue par Méliné KULPA

Bruno_Perramant__Portrait_de_l_artiste_au_sac_de_riz__Autoportrait___2010

    Bruno Perramant peint Portrait de l'artiste au sac de riz (autoportrait) au cours de cette année. C'est une huile sur toile de 46 par 38 cm peinte d'une couche lisse.

  Le tableau représente un buste humain. Cependant, la seule partie corporelle visible est un œil.

Un sac recouvre la tête du personnage. Il est percé d'un petit trou qui laisse apercevoir un œil de couleur sang. Le sac semble rigide et son motif fait penser à un torchon à carreaux. Ne voyant aucune goutte de sang, on peut se demander s’il est déchiré et ensanglanté, ou si c'est le motif même du sac qui donne cette impression. L'intitulé de l'œuvre nous indique que c'est un sac de riz.

Le fond du tableau est sombre et constitué d'une palette de bleu clair et bleu-gris. Il est parsemé de taches vertes représentant vraisemblablement de la moisissure.

En peignant le vêtement dans les mêmes tons que le fond du tableau, l'artiste ne lui donne que peu d'importance. On ne peut dire ce que porte réellement le personnage : est-il emmailloté dans un grand linge blanc ? Est-il enfermé dans une camisole de force ? Six mains sont posées sur lui.

   L'univers des vanités m'attire depuis toujours et ce tableau a quelque chose d'assez énigmatique et ambivalent, c'est pourquoi je l'ai choisi.

Hors contexte, on dirait qu'il s'agit d'un torturé, dans un endroit sombre et humide, certainement dans un lieu de séquestration. Connaissant la biographie de Bruno Perramant et le thème de l'exposition : « Les couleurs, la guerre », on peut dire que c'est une retransmission artistique du ressenti du peintre pendant la guerre mais aussi un hommage aux torturés anonymes d'Irak. A mes yeux il ne s'agit plus d'un simple torturé mais d'une vaste cicatrice béante, image même de la souffrance du peintre.

La camisole symbolise l'absence de liberté. Quant aux mains, sont-elles celles d'agresseurs ou apportent-elles un certain réconfort au torturé ? Je pense qu'elles sont les deux en même temps. Elles dénoncent aussi la manière qu'a l'humanité de renier les abominations faites à l'Homme sous le prétexte de la guerre (faire semblant de ne pas voir étant représenté par le trou dans le sac qui recouvre le visage).

Durant la guerre, mettre un sac sur la tête d’un Homme est un supplice. Le prisonnier ainsi recouvert et ne voit pas ce qui l’entoure. Il est donc épris d’un fort sentiment d’angoisse, ne sachant à quoi s’attendre. Tel Goya, l’artiste peint ici une torture psychologique.

Bruno Perramant précise dans le titre, qu’il peint un autoportrait et choisi donc de se désigner comme modèle ; Pourquoi ? Tout cela pourrait être une magnifique mascarade !

Il se représente d’une manière assez animale, sorte de « Gueule cassée », d’écorché macabre et bestial. A la manière d’Elephant Man, il se cache derrière un sac, suggérant ainsi, qu’à l’extrême opposé du tableau, il est doux et subtil. Malgré le dispositif qui le masque, il regarde par le trou le spectateur, qu’il interpelle. Tout en dissimulant son corps, il essaye d’exprimer ce qu’il ressent, et appelle celui qui observe le tableau à se questionner sur son intériorité.

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Commentaires
A
Très bon travail.
Artcoo
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