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6 décembre 2010

Partition de Bruce Conner vu par Méliné KULPA

026

     Bruce Conner (1933-2008) assemble entre 1961 et 1963 Partition. Il s'agit d'un paravent à 3 panneaux de 182 x 74 cm chacun.

     A première vue, l'œuvre ressemble à une sorte de sanctuaire vaudou protégeant un objet suspendu entre les panneaux.

Le fond des panneaux est entièrement recouvert de peinture, d'assemblages de papiers, d'une tapisserie et de toile de Jouy. Se greffe dessus des bas de nylons filés, ressemblant à de la toile d'araignée, rendant ainsi un aspect ancien et crasseux. S'adjoint à l'ensemble une multitude d'éléments collés vraisemblablement de manière aléatoire et appartenant à divers univers.

Un des thèmes choisi par l'artiste est l'univers du cabaret, du glamour et de l'érotisme Hollywoodien. En effet, on trouve de la dentelle, des passements, des colliers de perles, des bijoux, des strass, des feuilles d'or, un boa, des frous-frous, des plumes, des rubans et bas de nylon.

On découvre également des éléments évoquant la plage sud-américaine. On voit ainsi : un fragment de chapeau de paille, des maracas, des coquilles de fruits brisées, un galet, un éventail et des morceaux de puzzle bleus verts et jaunes rappelant les couleurs de la plage et des palmiers.

D'autres objets semblent tirés de la vie quotidienne certainement trouvés et récupérés au cours des trois années de réalisation de l'œuvre. Il y a ainsi : des fils de laine , des morceaux de verre brisé, des boîtes d'allumettes, un bouchon de marqueur, un moule à gâteau, des napperons en papier, des roses fanées, de la ficelle, des fragments de miroir, du voile noir et des timbres.

     Cette œuvre m'a tout de suite séduite : elle est trash et a un aspect lugubre malgré des composants joyeux et agréables.

Une danseuse de cabaret semble s'être déshabillée à l'intérieur, se cachant des regards indiscrets, tout en y laissant ce qu'elle portait. Pourtant un des panneaux est percé d'un petit trou donnant une tournure assez perverse au paravent : la pudeur de la femme n'est plus respectée, on entre dans son intimité.

C'est une sorte de poubelle composée d'objets du quotidien antinomiques d'une œuvre d'art « traditionnelle » où l'on choisi des matériaux nobles. Bruce Conner a donc cherché à provoquer l'art bourgeois propre et cadré.

L'objet suspendu entre les panneaux, est un petit panier fermé et noué. On peut l'apparenter à un reliquaire évoquant le rituel et l'exorcisme. Que renferme t-il ? L'âme de l'œuvre ? Un objet précieux pour l'artiste ? Rien ? Il laisse le spectateur spéculer sur son contenu, y projeter ses fantasmes et donc s'y intéresser.

L'aspect gore de l'assemblage peut effrayer ceux qui s'arrêtent aux apparences. Ceux qui s'y intéressent remarquent qu'il est érotique. Mais pourquoi Bruce Conner a t-il choisi de construire son ouvrage sur un tel paradoxe ? Je pense qu'il a voulu représenter l'inverse de certaines sociétés actuelles où tout semble beau de l'extérieur, mais dans lesquelles se cachent de nombreuses cruautés et atrocités. L'artiste critique ainsi son continent natal (l'Amérique) idolâtrée de tous mais où sévissent terrorisme, trafics en tous genres, catastrophes naturelles, pauvreté, famine...

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Commentaires
M
Merci beaucoup Mr le Professeur !
A
L'ensemble oral + texte fut à mes yeux un des moments forts de cours. Très bien.
Artcoo
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