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25 novembre 2010

Tournis-Coulis de Pierrick Sorin (Galerie Eva Hober) par Jérôme Rahault

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Bonsoir, je vais aujourd'hui vous présenter l’œuvre qui a retenu mon attention.

Il s’agit d’une installation de Pierrick Sorin, vidéaste et artiste plasticien français.

Le mois dernier, je me suis rendu dans le troisième arrondissement de Paris pour faire le tour de la rue St Claude qui héberge une petite dizaine de galeries. Arrivé devant la galerie Eva Hober, je me suis demandé si elle était bien ouverte à la vue du rideau qui masquait l’intégralité de la pièce principale. Mais une fois l’obstacle du rideau franchis, je fus décontenancé à la fois par l’atmosphère intimiste de la salle et par la surprise qui apparaissait devant mes yeux.

La première impression est assez paradoxal : partagé entre le désordre grotesque des câbles et entre les différentes couleurs en mouvement autour de moi, le tout mélangé à une ambiance sonore récurrente. Je dus rester là plusieurs minutes à chercher où il fallait regarder tout en évitant de me prendre les pieds dans les fils.

En effet, je décomposerais l’installation en trois ou quatre parties mais emboitées les unes dans les autres et chacune dépendant des autres et même ne pouvant exister que grâce aux autres. Ce sont des œuvres dans une œuvre : une mise en abyme.

La base de l’œuvre est la simple idée de mettre un câble dans un verre, la forme du câble s’en trouve déformée par la paroi du verre. Chaque verre de couleurs différentes, chacun accompagnés d’un câble, sont filmés sur le côté par une caméra de surveillance et sont éclairés par le haut. Ils sont posés sur un CD, du côté réflecteur, qui les fait tourner en renvoyant également des reflets colorés. Des projecteurs renvoient le film des verres sur les murs mais en passant par le verre lui-même. On a donc à la fois le film du verre qui tourne et son ombre, mouvante également, sur le mur. Le tout étant en directe. On peut alors compter pour chacune des six installations, un câble pour la lumière, un pour la caméra, un pour la plaque tournante et un autre pour le projecteur sans oublier les multiprises, ce qui nous fait 30 (6x5) câbles.

Cependant, l’installation est aussi complétée par un écran plat de télévision où l’on voit, et entend, Pierrick Sorin, sous le personnage d’une sorte de professeur de savoir-faire pratique, qui nous explique comment enrouler un câble dans un verre. Comme dans la plupart de ses court métrages, il se montre très maladroit et fait tomber le câble par terre à plusieurs reprises. Ce qui est intéressant, c’est qu’un peu plus loin on le voit dans la même scène mais cette fois, c’est sous la forme d’ « hologramme ». Toute la scène est représenté, même la caméra qui le film de face à l’écran. En réalité cette pratique se nomme « théâtre optique » et a été inventé peu de temps avant le début du cinéma en 1888. La technique consiste à superposer, au moyen de jeu de miroir incliné, un plan animé sur un décor fixe. La méthode est encore utilisée de nos jours pour les dessins animés.

 

Le concept de cette œuvre est né du besoin de l’artiste de faire de la place sur son bureau, il est amené à ranger un câble qui trainait dans un verre, et l’impression de distorsion du câble vue à travers l’épaisseur du verre le captive, s’en suit toute l’installation décrit ci-dessus. Le désordre, surement volontaire et même poussé à l’extrême, laissé par les câbles symbolise le personnage gauche que Pierrick Sorin aime incarner mais c’est aussi une vision générale des nouvelles technologies qui font notre quotidien, toujours plus nombreuses, et qui finissent par nous déborder lorsqu’on ne cherche pas à les maitriser. C’est donc un peu une sorte d’avertissement que nous suggère l’artiste.

L'ensemble de l'œuvre est plein de redondance : d'abord la vidéo des explications tourne en boucle, le discours se répète ainsi à l'infini avec lequel s'ajoute le son d'une autre œuvre (de la série"Les Titres Variables") qui émet une même onomatopée toutes les deux secondes. L'ambiance sonore est donc assez pesante et surement abrutissante à la longue (pourtant la personne qui tient la galerie doit la supporter toute la journée, en espérant qu'elle soit bien rémunérée...). Les verres, ainsi que leurs ombres et projections aux murs tournent sans fin, mais répétant toujours la même séquence une fois les 360° atteints. Cette rengaine sonne finalement comme un refrain de chanson, peut être représente-t-il chaque jour qui passe, avec nos habitudes et surtout nos tracas quotidiens dont on arrive pas à se défaire... (voir le court métrage du même auteur)

PS : Pour en savoir plus sur les autres œuvres de la galerie et sur celle de Pierrick Sorin en général, venez en salle Atrium 249 le 25 novembre à 15h45.

 

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Commentaires
A
Excellent travail de recherche sur cet artiste et d'analyse de cette oeuvre.
Artcoo
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